La Renouée du Japon

Peut-être n’avez-vous jamais remarqué la présence de la Renouée du Japon sur notre territoire, jusque-là cantonnée à quelques « taches » éparses et au développement limité. Cette plante mérite pourtant qu’on lui prête attention : c’est une espèce exotique invasive, c’est-à-dire introduite dans un milieu différent de celui d'origine et dont le développement nuit aux espèces locales.

Ce phénomène d’invasion biologique, qui existe depuis l’apparition de la vie sur Terre, s’est nettement accéléré depuis que l'homme transporte les espèces sur la planète entière. Les exemples abondent : Ragondin, écrevisses américaines, Frelon asiatique, Balsamine de l’Himalaya, Jussie… Aussi, depuis quelques années, chercheurs et acteurs locaux s’interrogent et s’inquiètent face à la prolifération de ces espèces qui bouleversent les équilibres biologiques existants : l'invasion biologique est reconnue comme la deuxième cause du déclin de la biodiversité dans le monde, après la destruction des milieux naturels. L'histoire de la Renouée du Japon en est un exemple.

 

L’histoire d’une invasion

Pays-Bas, 1847 : Philip von SIEBOLT, médecin de la compagnie hollandaise des Indes en poste au Japon, rapporte des plantes locales dans son jardin puis fonde une compagnie horticole spécialisée dans l'importation de plantes orientales. On attribue alors maintes vertus à la Renouée du Japon (feuillage vert luxuriant, floraison automnale parfumée, richesse en nectar) qui est rapidement introduite dans toute l'Europe.

Un siècle et demi plus tard, la plante s’est échappée des jardins et a rejoint la liste des espèces exotiques invasives dont les Européens ne veulent plus. Des plantes qui, à l'aide de stratégies très compétitives, colonisent massivement les terrains remaniés (bords de route, friches) et les berges de cours d’eau.

 

Une plante expansionniste…

Qui aurait pu se douter d'une telle vitalité ? En effet, les renouées introduites en Europe (issues de quelques pieds hermaphrodites à étamines avortées) ne produisent pas de pollen, donc pas de graines. Elles se disséminent par simple bouturage à partir de fragments de rhizome ou de tige de quelques grammes seulement. Ces morceaux sont transportés par l'eau érodant les berges et par l'homme qui déplace les terres « contaminées » par la renouée lors de travaux divers : terrassement, aménagement de cours d'eau…

En outre, le réseau racinaire des renouées, dense et profond, monopolise l'espace souterrain et prive les autres plantes d'eau et de nutriments. L'été, la plante y accumule une grande quantité de réserves qui permet aux tiges de pousser très rapidement au printemps suivant (en pleine lumière, elles gagnent plusieurs centimètres par jour !). Elle sécrète également des substances qui attaquent les racines des végétaux concurrents. Enfin, sa tige géante et ses larges feuilles ne laissent filtrer que peu de lumière pour les plantes locales qui peinent à croître à ses côtés.

 

… qui pose problème

Ces « tactiques » particulièrement efficaces ont des conséquences lourdes pour notre environnement :
- la Renouée du Japon élimine toute concurrence végétale et prive ainsi la faune de ses habitats naturels, menaçant la biodiversité locale ;
- présente en bordure de cours d’eau sous forme de véritables massifs, elle gène l'accès aux berges des rivières et accélère leur érosion (sol nu en hiver) ;
- elle uniformise les paysages et obstrue l’horizon.

 

Pour l’éradiquer, armez-vous de patience !

La Renouée du Japon est en effet un adversaire coriace. Des projets d’éradication pilotes sont ainsi à l’essai : lutte biologique à l’aide de prédateurs naturels de la plante au Japon, renaturation des zones de cours d'eau envahies par plantation de bois tendres indigènes (saule, peuplier, aulne)…

« Sitôt poussée, sitôt arrachée » : sur les stations de faible étendue, la meilleure méthode consiste à arracher manuellement les pousses une fois par mois dès avril-mai. Les déchets de coupe doivent ensuite être séchés sur place puis brûlés pour éviter toute dispersion. Ces actions devront être répétées pendant plusieurs années pour espérer venir à bout de la plante. Lorsque l’envahissement est trop dense ou la surface colonisée trop étendue, il s’avère difficile d’éliminer le massif entier de renouée. Il faut alors arracher les plants en périphérie du massif pour contenir son développement.

 

 


Documents/liens

► dépliant d'information sur la Renouée du Japon

Comment la reconnaître ?

La Renouée du Japon peut atteindre 3 à 5 m de haut.

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Ses tiges érigées sont creuses, vertes ponctuées de rouge, munies de nœuds marqués qui rappellent le bambou.

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Les feuilles, qui atteignent 20 cm de long, sont d’un vert franc, ovales-triangulaires.

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Les fleurs forment des grappes blanchâtres en fin d’été.

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La plante passe l’hiver sous la forme de cannes sèches.

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